Page:Fougeret de Monbron - Le Cosmopolite.djvu/13

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je me rappellai l’Histoire de Léandre & d’Héro. C’est ici, me disois-je à moi-même, qu’habitoit cette aimable Prêtresse de la Mere des Amours ; là, vivoit son Amant infortuné. Après un spectacle si intéressant pour ceux qui savent la fable, il s’en offrit un à mes yeux, qui, sans l’aide des noms chimériques & merveilleux, se rend assez recommandable par lui-même, & plaît universellement. C’est le Canal de Constantinople, qui sépare l’Europe de l’Asie, & présente à droite & à gauche les plus agréables Côteaux jusqu’au Bosphore de Thrace, où l’orgueilleuse Bizance commande aux deux Mers, dont les eaux semblent se disputer l’honneur de baigner ses murs. Il n’est pas possible d’imaginer un plus beau coup d’œil à quelque distance de la Ville. Je n’entrerai néanmoins dans aucun détail à ce sujet, ne voulant point enchérir sur les pompeuses descriptions que