Page:Fougeret de Monbron - Le Cosmopolite.djvu/157

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j’étois habitant du Monde, & que je gardois une exacte neutralité entre les Puissances belligérantes. Si Mr. de Chavigny ne goûta point mes raisons, au moins eut-il la bonté de se rendre à mes instances. Il me donna un Passe-port & en fit demander un autre à Mr. Keene, Envoyé extraordinaire du Roi de la Grande-Bretagne, qui, à la considération de Son Excellence, ne fit pas difficulté de me l’accorder. Muni de mes deux Patentes, je fus coucher à bord le jour de saint Louis, après en avoir célébré la fête avec Mr. l’Ambassadeur.

Au bout d’un mois de navigation, le mauvais temps nous ayant obligés de relâcher à Portmouth que nous avions déjà dépassé, j’y débarquai, autant ennuyé de la mer, qu’enchanté de me retrouver sur une terre que j’aurois préféré au délicieux Jardin d’Eden.

Je pris la poste, & fus revoir mes bons amis les mangeurs de Rôt-de-bif dans leur Capitale.