Page:Fougeret de Monbron - Le Cosmopolite.djvu/46

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

ractere ne change point ; on porte par-tout avec soi le Cachet de la Nature. En vain les Anglois quittent leur Pays & parcourent les différentes Contrées de l’Europe, ils reviennent chez eux toujours les mêmes, sombres, mélancoliques, rêveurs, & généralement Misanthropes. Comme je suis né d’un tempérament à peu près semblable au leur, le plus grand fruit que j’ai tiré de mes voyages ou de mes courses, est d’avoir appris à haïr par raison ce que je haïssois par instinct. Je ne savois point jadis pourquoi les hommes m’étoient odieux ; l’expérience me l’a découvert. J’ai connu à mes dépens que la douceur de leur commerce n’étoit point une compensation des dégoûts & des désagréments qui en résultent. Je me suis parfaitement convaincu que la droiture & l’humanité ne sont en tous lieux que des termes de convention, qui n’ont au fond rien de réel & de vrai ; que chacun ne vit que pour soi, n’aime que soi ;