Page:Fougeret de Monbron - Le Cosmopolite.djvu/8

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tre bénéfice de mes voyages que celui-là, je n’en regretterois ni les fraix ni les fatigues.

Chassé autrefois de Paris par l’ennui & la préoccupation, je conçus le desir de visiter les Habitants de la Grande-Bretagne, dont quelques bilieux enthousiastes m’avoient conté des merveilles. Je croyois trouver dans cette Isle fameuse, non-seulement l’homme de Diogene, mais y en trouver par millions. J’arrivai à Londres enivré de ce doux espoir. Tout m’y parut au premier coup d’œil infiniment au-dessus de l’idée qu’on m’en avoit donnée. Chaque Anglois étoit pour moi une divinité. Ses actions, ses démarches les plus indifférentes, me sembloient toutes dirigées par le bon sens & la droite raison. S’il ouvroit la bouche pour parler, quoique je n’entendisse pas un mot de ce qu’il disoit, j’étois dans une admiration qui ne se peut exprimer. Cependant l’état de mes affaires ne me