Page:Fourier - Sur l'esprit irréligieux des modernes et dernières analogies 1850.djvu/30

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Charles. » À quoi l’infortuné Patkul répondit : « Quelle clémence ! » Ne peut-on pas de même, après le tableau des boucheries de l’enfer et du purgatoire, s’écrier : Quel Dieu de paix ! Que pourrait faire de pis le prince des démons, si on devait lui remettre le jugement du genre humain ?


VI. nécessité de s’élever du simple au composé.


L’exposé précédent sur le dogme de l’enfer, sur les chances qu’il prête au ridicule, à la malveillance, prouve combien il eût été urgent de purger le système religieux de cette monstruosité et d’accommoder la doctrine chrétienne aux convenances d’un âge aussi éclairé qu’on l’était peu aux temps et aux lieux de la fondation.

On avait admis tant d’autres modifications, entre autres le purgatoire et les lymbes, qui sont de création moderne ; on pouvait à plus forte raison supprimer cet enfer emprunté aux cultes orientaux, y suppléer par quelque innovation recevable. En se refusant ainsi aux amendements nécessaires, le christianisme s’est aliéné les hommes les plus connus par leur piété et leurs lumières dans les diverses communions ; témoin Newton parmi les protestants et Fénelon parmi les catholiques.

Newton, dont la piété et la probité ne sont pas équivoques, regardait la doctrine chrétienne comme inconciliable avec celle de Jésus-Christ. Il a publié un ouvrage où il démontre, dit-on, que le pape est le véritable ante-christ. Je n’adhère point à cet ouvrage que je n’ai pas même lu ; mais connaissant la tolérance, l’esprit conciliant et l’extrême indulgence de Jésus-Christ, j’estime que l’ennemi capital de sa doctrine, c’est le chef de ceux qui n’ont prêché qu’intolérance et persécution, qui ont excité les schismes de toute espèce par la vente d’indulgences et autres scandales ; ceux enfin qui ont condamné à des supplices éternels l’immense majorité du genre humain pour l’inconcevable crime de n’avoir pas eu connaissance des dogmes romains. Ces excès, en déconsidérant la doctrine chrétienne, ont finalement détruit chez les modernes l’esprit religieux dont la chute est funeste sous double rapport, en ce qu’elle a empêché la découverte du calcul de l’attraction passionnelle, et en ce qu’elle cause aujourd’hui l’insouciance pour cette découverte et le retard d’avènement à l’harmonie universelle.

Fénelon, si distingué par les talents et les bonnes mœurs, hasarda une attaque très-mesurée que la jalousie de Bossuet fit échouer. Il laissait entrevoir des intentions de réforme sur laquelle il préludait sans dire pleinement ses opinions, entre autres sur les dogmes anti-voluptueux. On sait que Fénelon était quiétiste. Sur ce qui touche à la