Page:Fourier - Sur l'esprit irréligieux des modernes et dernières analogies 1850.djvu/40

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gions de Robespierre et de Laréveillère-Lepeaux, toutes les deux raisonnables en dogmes. Oubliaient-ils qu’ils travaillaient pour des civilisés, des nations pétries d’absurdités et qu’il faut [xxxxxxxxxxx] ?

Mais en prenant pour règle d’élaguer en fait de dogme la raison qui n’est pas compatible avec les esprits civilisés, il ne faut pas pour cela donner dans les atrocités. Ne peut-on pas imaginer des épisodes populaires comme le miracle des 2,000 cochons noyés dans la mer Morte, pour délivrer un possédé au sortir duquel le diable alla se loger dans le corps de ces 2,000 cochons et les fit tous sauter dans le lac, où ils se noyèrent tous, miracle fâcheux toutefois pour le propriétaire des cochons, qui essuya de cette aventure une perte sèche de 100,000 francs, à n’estimer les cochons qu’au prix moyen de 50 francs pièce.

Puisqu’il faut aux civilisés des dogmes absurdes, on peut encore, quand il s’agit d’endoctriner leur peuple, qui est querelleur et massacreur, supposer des cruautés passées et indifférentes pour les vivants, comme le meurtre des 50,000 benjamites qui furent frappés de mort pour s’être donné l’innocent plaisir de regarder passer l’arche d’alliance. Une preuve que les fables, meurtres, viols et brigandages conviennent au peuple civilisé et barbare, c’est qu’en tout pays il lit avidement la Bible, qui n’est remplie que de pareils récits. Mais tout cela est au passé, tandis que l’enfer est au futur. C’est pourquoi la Bible convient à merveille en tous lieux, et l’enfer ne convient nullement chez les nations policées et éclairées.


IX. conclusion sur l’abus des moyens modernes.


J’ai démontré qu’en fait de religion on ne connaît ni les causes, ni les auteurs, ni les effets, ni les remèdes, et que sur les questions relatives au mouvement religieux, comme sur toutes celles du mouvement social, les modernes en fuyant un écueil ne manquent jamais de tomber dans un autre. Novices en théorie du mouvement, ils n’ont pas encore découvert que les ressorts quelconques, administratifs, religieux ou autres, ont la propriété de s’user et faiblir quand la période sociale a changé de phase, quand elle a grandi ou décliné par le progrès ou déclin de l’industrie et des lumières.

On a vu au chapitre des phases que la Civilisation a fait un progrès très-rapide en l’espace d’un siècle. J’en ai inféré qu’il faut ou étouffer l’industrie et les lumières, et ramener la Civilisation au point où elle était au dix-septième siècle, ou pourvoir à modifier les divers ressorts sociaux qui, bons à cette époque, ne le sont plus aujourd’hui, et parmi ces ressorts devenus caducs, le principal est celui du système infernal