Page:Fourier - Sur l'esprit irréligieux des modernes et dernières analogies 1850.djvu/45

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

X. philippique sur la chute des vertus théologales
et sociale.


Sectes rivales qui avez amené le genre humain à craindre, haïr et nier un Dieu, superstitieux et philosophes, vous avez reçu le châtiment que vous méritiez. Vous vous êtes perdus les uns par les autres ; la fortune et l’opinion vous ont disgraciés, et si la Civilisation se prolonge, vous serez de plus en plus basculés tour à tour et persécutés dans les nouvelles révolutions dont vous avez semé les germes.

Peuples, qui cherchez le bonheur, n’êtes-vous pas en pleine démence quand vous l’espérez d’une de ces deux sectes. Fatigués des inquisiteurs, de leurs massacres et des auto-da-fé de la superstition, vous vous êtes jetés dans les bras de cette philosophie, qui pour son coup d’essai couvre un grand empire d’échafauds, sur lesquels vos philosophes, après avoir fait périr la famille régnante et l’élite des citoyens, se sont immolés entre eux. Après une telle épreuve, décidez, si vous le pouvez, quel est le plus absurde, le plus sanguinaire de vos deux guides, la superstition et la philosophie.

Il est pour vous un troisième écueil : c’est le calme passager, l’illusion qu’il produit. Parfois les fureurs sociales semblent se calmer ; chaque parti s’en attribue l’honneur et promet la félicité durable. C’est un leurre. Désormais le volcan ne s’arrêtera que pour préparer d’autres éruptions. Votre calme apparent ressemble aux intermittences de la fièvre, et jamais la périodicité du mal ne fut plus constante qu’aujourd’hui, où la Civilisation, depuis 1789, a ouvert sous vos pas 16 nouveaux écueils qui n’existaient pas alors. Les instants de calme, ces bonaces politiques, ne sont plus que les entractes du volcan. La matière des [xxxxxxxxx] est plus [xxxxxxxxx] que jamais ; les passions plus exaspérées, plus inconciliables que jamais.

Voyez dans ces trois fléaux qui vous poursuivent la superstition ou obscurantisme, la philosophie et l’illusion d’intermittence, le travestissement des 3 vertus théologales. En effet :

1o Qu’est-ce que la superstition et ses illusions, sinon un abus de la foi, une spéculation des intrigants sur la crédulité religieuse et sur l’inclination des humains pour le ralliement à Dieu ?

2o Qu’est-ce que les prestiges philosophiques, sinon l’abus de la charité, l’intrigue revêtue du masque de philantropie et de patriotisme pour déchirer et asservir les peuples ?

3o Enfin, qu’est-ce que vos illusions de bonheur dans les moments d’intermittence ? un abus de l’espérance, un abandon coupable aux systèmes civilisés qui ne vous procurent un instant de repos que pour