Page:Fourier - Sur l'esprit irréligieux des modernes et dernières analogies 1850.djvu/44

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Grèce, on est forcé de reconnaître en elle une impulsion toute divine. Quel était donc ce talisman des Grecs ? C’est qu’ils étaient plus rapprochés que nous de la nature, du génie composé dont on n’a cessé de déchoir par double cause, — par le zoïlisme qu’ont créé les monopoles de capitale, et par l’irréligion qu’ont engendrée les monstruosités des cultes modernes. Je n’examine dans ce discours que l’influence et les causes de l’irréligion.

Les cultes anciens se rapprochaient de la nature, en divinisant les passions et l’attraction qui sont proscrites et déshonorées par les cultes modernes. Ainsi la société civilisée, en affaires de culte comme dans tout son mécanisme, est en marche rétrograde, et après avoir commencé par suivre la droite voie, tombe dans des inconséquences à peine pardonnables aux âges d’obscurité. En effet, si nous sommes créés à l’image de Dieu (et rien n’est plus vrai). Dieu a donc les mêmes passions que nous. Dès-lors, outrager nos passions, c’est outrager Dieu dont elles sont l’image et dont il est créateur et distributeur.

Le bon esprit religieux ou accord de la raison humaine et divine doit tendre au but suivant : concilier le mécanisme social et religieux avec les passions par un système de lois et de cultes favorable à leur développement, — ou en d’autres termes, — inventer un mécanisme social opposé à l’ordre civilisé qui sacrifie les impulsions divines et l’attraction à des lois et cultes incompatibles avec leur développement.

Bornons-nous sur ce problème qui conduirait à examiner à quelle phase de Civilisation et en quel degré doit s’adapter chacun des 3 systèmes religieux le passionnel, l’anti-passionnel et le mixte. C’est une question transcendante du mouvement. L’examen en serait déplacé dans ces préludes. Je me borne à citer les écarts du système actuel et les erreurs qui ont engendré l’irréligion. Il faut que ces fautes soient bien graves, que la politique religieuse ait été bien maladroite pour avoir poussé aux scandales de l’athéisme et des malédictions un siècle d’ailleurs fort éclairé et qui déjà initié par le calcul newtonien à la connaissance des opérations de Dieu sur le système de l’univers, aurait dû croître en esprit religieux à proportion des espérances que donnait cette première initiation. Loin de là, l’irréligion a pris naissance dans le siècle dont les découvertes excitaient à redoubler d’amour pour la divinité et d’espérance en elle. Assurément le système religieux qui a conduit les modernes à ce honteux résultat recèle quelque vice premier qu’on n’a pas su ou pas voulu corriger.