Page:Fourier - Sur l'esprit irréligieux des modernes et dernières analogies 1850.djvu/49

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mépris et l’obscurité. Vous êtes odieux aux grands et méprisés des peuples ; vous êtes honteux de votre charlatanerie et de votre intrigue ; la Civilisation dont vous vantez la perfectibilité est devenue pour vous un véritable enfer.

Et toi, nation d’histrions qui as produit les dictionnaires d’athées, tu méritais de subir l’épreuve du dogme de ses auteurs et de pâtir des billevesées philosophiques. As-tu assez payé ta folle confiance à ces jongleurs ? Tu peux maintenant croire à l’enfer ; ils l’ont bien créé pour toi. Après vingt-cinq ans de déchirements, tu es devenue un monument d’imbécillité politique, une furie aussi odieuse à toi-même qu’au monde entier bouleversé par tes charlatans philanthropiques.

Pendant ton échafaudage de grandeurs en 1808, tu insultas à l’annonce de la découverte du calcul de l’attraction. Il était digne d’une nation de renégats d’avilir le code divin avant qu’il fût publié et connu. Cette valetaille parisienne qui contesta à Dieu un brevet d’existence pouvait bien me repousser. Dédaignant de confondre ces Parisiens pétris de grossièreté et de vandalisme, j’infligeai aux Français la punition que Dieu inflige aux Globes rebelles, l’abandon à leurs fausses lumières ; je laissai la France courir dans l’abîme où on la voyait s’engouffrer, dans les bouleversements que la guerre d’Espagne faisait assez prévoir. Je voulus attendre que la France eût perdu encore un million de têtes dans les combats. L’an 1813 a parachevé le tribut ; ce n’est pas un million, mais quinze cent mille têtes que l’imbécille France a payées depuis 1808. Le châtiment s’est étendu à tous ceux qui la gouvernaient. Ses fumées de grandeur sont dissipées avec ses visions de perfectibilité. Ses conquérants, ses philosophes ont fini misérablement par l’exil ou le supplice, les autres par le mépris dont on paie les traîtres après qu’on s’en est servi.

Cette prétendue capitale d’Europe d’où partaient les outrages adressés au calcul mathématique des destinées et de la Révélation permanente, cette moderne Babylone, a été honteusement dépouillée des fruits de ses rapines, et n’est plus maintenant qu’une métropole d’avortons politiques.

En définitif, la France a combattu vingt ans et perdu cinq millions d’hommes pour atteindre au but qu’elle redoutait, pour créer à l’Angleterre un état continental de huit millions, y compris les alliés entraînés par enclave, comme Hesse et Brunswick. Puis elle se vante d’avoir conservé son territoire qui est proportionnellement déchu de moitié en puissance par les nouvelles relations et accroissements des autres continentaux.

Elle éprouve dans ses oscillations que, sous tous les régimes, elle n’est apte qu’à subir le despotisme. Poussée par son esprit turbulent