Page:Fourier - Sur l'esprit irréligieux des modernes et dernières analogies 1850.djvu/50

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et d’intrigue, elle y arrive par toutes les voies. Lui donnât-on pour maître le soliveau que Jupin donna aux grenouilles, il serait entraîné au despotisme, moins par opposition aux factieux que par impulsion des valets de cour. Il lui sied bien, après ces turpitudes, de gloser sur l’annonce d’une découverte relative à la politique sociale.

Que l’impertinente France fasse maintenant le parallèle de sa misère avec les biens qu’elle eût recueillis d’une facile épreuve de l’harmonie, qu’elle pèse les fléaux dont elle a été frappée par la prolongation de l’ordre civilisé qui pouvait finir en 1809 ; qu’elle apprenne par ces [xxxxxxxxxx] que l’auteur d’une découverte d’utilité générale est bientôt vengé des zoïles par son silence ; elle expie maintenant par de honteux tributs et par l’asservissement une insulte déjà payée par des torrents de sang :

Discite justitiam moniti et non temnere divos.

Nations civilisées, gardez-vous de croire que je fasse votre apologie en accusant celle que vous avez écrasée par le nombre. Si l’une d’entre vous est pétrie de vices, il s’en faut que les autres aient des vertus. Vous ne différez que par les nuances de méchanceté plus ou moins fardée de philanthropie. Je désire me tromper, mais les apparences ne sont pas pour vous. Jamais la religion et l’honneur ne furent plus ouvertement méconnus.

Depuis longtemps la chrétienté s’indignait de voir des chrétiens torturés, martyrisés pour la foi dans les bagnes d’Alger, Tunis, Maroc et Tripoli. Quoi de plus révoltant que de voir une ligue de 150 à 200 millions fléchissant et capitulant devant une poignée de pirates dépourvus de tactique, de marine, de tous les moyens de résister à l’Europe si elle formait contre eux la croisade commandée impérieusement par l’honneur de la religion ?

Vous avez entrepris sept croisades immensément pénibles pour des motifs presque frivoles, mais du moins excusables dans le sens religieux. Aujourd’hui que l’honneur, la charité, la religion exigent un effort, on n’avise pas, on ne songe aucunement à réprimer les persécutions de ces pirates, on les tolère, on traite scandaleusement avec eux dans l’instant où l’Europe liguée et pourvue d’une masse immense de forces disponibles sur terre et sur mer n’aurait eu qu’à vouloir pour les anéantir. Mais la religion et l’honneur n’ont trouvé au congrès de Vienne aucun soutien. Où étaient donc ces écrivains qu’on décore du titre d’orateurs chrétiens et qui nous chantent les martyrs de l’antiquité ? Pourquoi évoquer les morts pour nous émouvoir ? Manque-t-il de martyrs dont les souffrances nous touchent de plus près ? Ce sont