Page:Fourier - Sur l'esprit irréligieux des modernes et dernières analogies 1850.djvu/62

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D’autre part si l’homme, est miroir de l’univers, ses passions doivent être miroir du système suivi dans la création ; elles doivent être analogues aux propriétés des êtres créés. On vient de le voir par l’éléphant, la fourmi et l’araignée.

Et puisque l’homme peut former différents mécanismes sociaux dont cinq sont connus sous les noms de Civilisation, Barbarie, Patriarchat, Sauvagerie et Primitive dite Eden, dont il reste des traditions confuses ; il faut que les animaux, végétaux et minéraux représentent les effets de passions dans ces diverses sociétés. La première société, dite Eden, n’a pas pu se maintenir. Il est dans l’ordre que certains animaux qui en étaient des tableaux aient péri comme elle. De là vient que le Mastodonte n’a pas pu se soutenir contre l’homme et les autres animaux, et que la giraffe, emblème de la vérité, se conserve avec peine et devient de plus en plus rare, par analogie au sort de la vérité qui décline de plus en plus dans les sociétés civilisées et barbares.

S’il a existé cinq sociétés il peut en exister une sixième, une septième, une huitième encore à naître, et dont on n’a pas su découvrir le mécanisme. Il est représenté dans quelques êtres qui nous frappent d’admiration tels que l’abeille et le paon. On a pris l’abeille pour un emblème de l’égalité. C’est tout le contraire. Chaque abeille dans son alvéole figure un effet sociétaire qui n’existe pas, un grand ménage à plusieurs degrés de fortune et de dépenses, un canton sociétaire d’environ dix-huit cents personnes très-inégales en fortune, exerçant combinément les travaux de culture, fabrique, ménage, etc., et répartissant à chacun, hommes, femmes et enfants, plusieurs dividendes affectés au capital, au travail, au talent. Cette réunion d’inégaux et d’agents sociétaires est figurée par la roue du paon.

S’il n’existait pas un système d’analogie entre les substances des divers règnes, et les passions de l’homme, la création serait donc une œuvre arbitraire et faite au hasard. Dieu lui-même ne saurait pas se rendre compte de la justesse de sa méthode ; il ne saurait pas s’il a bien ou mal fait en créant le tigre et le serpent à sonnettes, car ces productions odieuses ne peuvent être justifiées que par la nécessité d’un système d’analogie avec nos vices, tels que la férocité et la calomnie. Sans l’analogie, il y aurait, non pas unité, mais duplicité dans le système de Dieu, car il serait mathématique et juste quant aux effets, et arbitraire quant aux causes. Il serait ami de l’harmonie en mouvement matériel, et ami du chaos en passionnel.

La connaissance de l’analogie peut seule nous démontrer la justesse des œuvres de Dieu, qui, jusqu’ici a dû sembler problématique. Aussi la Civilisation grandit-elle en athéisme à mesure qu’elle grandit en science. Elle ne pourrait sortir de ce dédale que par la connaissance