Page:Fourier - Sur l'esprit irréligieux des modernes et dernières analogies 1850.djvu/66

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emblème de rang supérieur. — Il a la huppe fuyante, c’est un emblème d’alarme ; la royauté n’en est pas exempte. (J’ai dit dans la préface que les huppes et coiffures peignent les pensées et le mobilier du cerveau.)

L’aigle habite la partie froide de l’atmosphère des régions. Il semble que ce soit un contre-sens du peintre, car la cour vit dans le luxe qui a pour emblème le soleil et la chaleur. Cette propriété de vivre dans l’opulence est représentée dans les lions et les tigres, emblèmes des rois et des ministres ; ils habitent les pays chauds ; mais on a vu que la nature distribue sur divers moules les tableaux d’un même sujet.

Ainsi l’aigle est sympathique avec les régions froides par analogie au ton glacial des cours et à l’égoïsme qui y règne. L’étiquette, les intrigues, les perfidies, les faux amis sont autant de [xxxxxxxxx] qui tendent à répandre de la froideur dans les relations de la cour. Ainsi l’aigle peint le monarque en sens moral et le lion en sens matériel.


Le Vautour et l’aigle, mis en parallèle, offrent un brillant tableau. Tous deux figurent les deux autorités qui s’emparent de l’homme civilisé, — le gouvernement qui envahit la partie matérielle et la superstition qui envahit la partie spirituelle ou âme. L’aigle attaque franchement les vivants, les agneaux, de même que le gouvernement exige sans détour un tribut. Le Vautour s’attaque aux cadavres par emblème de la superstition qui cerne les vieillards, les esprits faibles, pour les dévorer en captant leur succession, en leur vendant le ciel à beaux deniers. C’est dans tous pays le but auquel visent les chefs de la superstition (qu’il faut bien distinguer de l’esprit religieux), ils veulent jeter le grappin sur les héritages en affectant de solliciter pour l’Église et non pour eux.

Un caractère général des religions est la mendicité ; elles demandent sans cesse. Ne pouvant comme l’autorité imposer un tribut de vive force, elles l’imposent par astuce, quelquefois aussi par violence comme la dîme et autres prestations ; mais en général elles mendient et font retentir les plaies de l’Église. La nature a peint cette astuce dans le vautour qui a le larynx, ou organe de la parole, nu, dégarni de plumes et très pauvre. La tête, le bec, le cou, enfin toute la partie parlante est d’une nudité repoussante. C’est l’emblème de la mendicité qui en parole n’exprime que des plaintes, excite la pitié par son dénuement ; mais est-il réel ? Non, car un peu au-dessous de sa tête dépouillée, le vautour étale un fastueux collier de plumes, une sorte de couronne qu’il semble n’avoir pu loger sur sa tête. Ainsi le sacerdoce quoique privé directement de la couronne la porte de fait par son influence ; il a tout ce dont il semble manquer au premier coup-d’œil ; il se plaint de ses privations en public, et on trouve grande chère dans son domes-