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CHANTECLER À LA SCÈNE

sous le bec une tête d’homme ou de femme, cela déconcerte violemment le monsieur habitué aux spectacles ordinaires.

Un peu à cause de cela, oui, je le crois… mais bien davantage assurément — mais cent fois plus encore, à cause de la pièce elle-même.

Vous regardez cela, vous entendez cette interminable série de calembredaines et de calembours, et vous croyez rêver. C’est de la pure démence. Vient un moment où vous vous demandez sérieusement si vous devenez fou… ou si c’est l’auteur qui le devient.

⁂ Voici tout d’abord, par exemple, le chien Patou, le personnage après tout le plus supportable. Vous tous qui connaissez le chien, le bon chien de La Fontaine, la bête par excellence simple et, si j’ose dire, tout d’une pièce, essayez d’imaginer un peu ce que M. Rostand est venu à bout de faire du vieux chien Patou… Non, c’est inutile ; à moins que vous n’ayez lu la pièce, vous n’y arriverez jamais. M. Rostand fait de Patou, tour à tour, un moraliste, un pédagogue, un philosophe nietschéen et, enfin et pour tout dire, un neurasthénique. Il donne à ce vieux chien rhumatisant et goutteux une âme je ne dis pas sensible, non ! mais une âme sentimentale et romanesque. Patou jouit d’une niche confortable, on lui apporte ses repas régulièrement, mais il s’ennuie… Il trouve