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LA LANGUE FRANÇAISE AU CANADA

ques douzaines… — Mais lesquelles, et comment les choisirai-je ? Pour écarter tout de suite de votre esprit, sur ce point, tout soupçon contre moi de fantaisie ou d’arbitraire, comme pour donner à mes observations un caractère plus concluant encore, je commence par éliminer de mon champ d’enquête — absolument — toutes celles de ces fautes, voire les plus grossières, ou bien qui ne sont chez vous qu’exceptionnelles, ou bien encore qui ne procèdent, comme chez nous tous pauvres diables, que de la pure et simple ignorance naturelle. Puis-je compter du moins qu’en retour vous m’abandonnerez les autres, — je veux dire toutes ces créations extraordinaires à quoi vous apportez visiblement tant de peine, dont vous êtes à la fois si prodigue et si fier, et qui de toute façon caractérisent si éminemment votre manière ?

Je pense, dans le moment que je trace ces lignes, à des choses, par exemple, comme ceci :

Toutefois et je m’en rends compte le premier, j’ai abordé mon sujet sans le moindre ARROI linguistique, comme un MAL-ARMÉ, comme un pauvre GAUTHIER-SANS-AVOIR allant d’enthousiasme et À BOULE VUE donner dans l’embuscade, plutôt que de partir d’AGUET et en belle escorte philologique, équipé de tous les approvisionnements de la grammaire empirique, de la critique textuelle, de l’analogie textuelle, de la sémantique, de l’étymologie, de la morphologie, de la phonétique et de tout le tremblement de la psychologie du langage. (AVANT-PROPOS, pp. XXVI-XXVII.)

Comme ceci :