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MON ENCRIER

Notre langue maternelle SE RIDICOCULISE en agréant l’obséquieuse épée de ces ARDÉLIONS… Cette épée, fausse comme le chevalier qui la porte, épée de bateleur plutôt que de combattant, se nomme en français explicite une « excuse », Monsieur Turlupin, sans être autrement, AUX CAPONS PORTE-GLAIVE, une excuse pour se faufiler dans la mêlée, y débiter leurs PHILIPPIQUES À REBOURS qui deviennent DES CAPUCINADES DILATOIRES, FÉLONNES et NAUSÉEUSES, et traîtreusement ABSCONDRE les obstacles que la plus élémentaire stratégie commande de repérer avec précision pour repousser plus sûrement l’assaut… (AVANT-PROPOS, p. XXV.)

Ou encore comme ceci :

Le volètement des chauves-souris de sacristie n’effarouchera pas davantage ma conscience, ni ne la dévoiera ; pas davantage ne m’épeureront les CLAPPEMENTS de bec des hiboux que la lumière fait BOULBOULER et dont le CHUINTEMENT sinistre d’oiseaux ténébreuxCLANGORE en cris de Pierre l’Ermite, à ce qu’ils s’imaginent, mais plus réellement EN CRIAILLERIES ZIGZAGUANTES DE JARS CAPITOLINS flairant, à temps perdu, quelque nouveau Capitole à sauver. (AVANT-PROPOS, p. XXIX.)

J’ai pris ces quelques phrases, comme vous le pouvez voir, presque au hasard, aux premières pages de votre livre. J’aurai tout à l’heure l’occasion d’en citer d’autres, tirées indifféremment du milieu, du commencement ou de la fin. Tous ces échantillons, cependant, ne sauraient donner, je le crains, en fin compte, qu’une bien insuffisante idée encore de la marchandise elle-même. Ce qui frappe, en effet, tout d’abord, dans cet amas incroyable de termes tout à la fois recherchés et drolatiques, ce n’est pas seulement l’étrangeté de tels ou tels de ces monstres