Page:Frère Gilles - Les choses qui s'en vont, 1918.djvu/121

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
121
LES CHOSES QUI S’EN VONT

placer, et se tiendre debout ; vous me croirez si vous voulez, mais il n’était pas toujours aux noces.

Il ne lui suffisait pas d’ailleurs, de savoir se tiendre debout, mais encore de savoir fouler large, fouler dur et fouler haut.

Fouler dur, cela dépend un peu de la corporance du fouleur ; un marmoussin ne saura jamais en venir à bout. Fouler large, est un tour à prendre, pour le réussi duquel, c’est le cas de le dire, tout fourrage ne se prête pas. Parlez-moi, par exemple, des queues-de-renard, d’herbe-à-la-puce ou de réveil-matin : c’est infâme comme toute, car tout ce qui excède le fond de la charrette dégoutte tout le long du chemin, comme de la pâte-à-crèpe. Fouler haut, ma frine, c’est moins malaisé que dangereux pour celui qui a les jambes molles comme de la laine. Dans tous les cas, lorsque le chargeage était rendu à une certaine hauteur, il était plus prudent pour le fouleux de s’écrapoutir, s’il ne voulait pas prendre une plonge lorsque la voiture devait passer une fossette.