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LES CHOSES QUI S’EN VONT

Pendant qu’on emplisait la charrette, les râteleux n’étaient guère à plaindre. En suivant le chargeux, ils n’avaient qu’à donner un coup de râteau par-ci par-là et à peigner le voyage, lorsqu’il était perché. Ils pouvaient ensuite, courir aux petites merises ou aux cerises-à-grappes dans les côteaux, ou sur la pointe à mon oncle, pendant que les autres allaient décharger le foin sur le fanil. C’est là qu’ils en prenaient une suée ! la chemise en flacquait sur la peau et l’eau souvent leur en coulait au bout du nez.

Si la serrée se faisait loin de la maison — quand nous allions chez Cahu par exemple — et que nous étions bien restés le soir, on embarquait sur le voyage pour revenir. Alors, un bras passé sous la perche (dans le cas où l’endormitoire nous prendrait), on se laissait bercer dans le foin tiède, soit en mangeant les pommes douces à mon oncle Michel, soit en chantant des rigodons ou en rêvassant, selon les aptitudes et les goûts de chacun.

On arrivait à la maison — car on