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LES CHOSES QUI S’EN VONT

arrive toujours. Après le repas du soir, nous étions tellement rendus que nous n’avions pas l’envie d’aller jeunesser bien loin. La prière en famille terminée, on allait s’asseoir dans les marches de l’escalier, en regardant la nuit déborder de la rivière, courir vers le rang du sud, puis remonter les côteaux du nord, atteindre la rochière et les talles de pimbina, pour arriver au petit jardin et à la barrière, près du four. C’est alors que les gornouilles et les wawarons s’en donnaient dans la mare, au bout du grand jardin ! Ce concert semblait s’éterniser uniquement pour préparer le sommeil qui ne tardait pas à venir clôre la journée laborieuse et refaire les forces pour recommencer le lendemain.

Dans ce temps-là, les gens de la ville ne dédaignaient pas de venir donner un coup de main aux travaux des champs. On y a vu des écrivains, des avocats, des universitaires et même des demoiselles très-bien. On y a vu principalement des écoliers du séminaire, venus après la distribution des prix, avec plus de