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Page:Frère Gilles - Les choses qui s'en vont, 1918.djvu/141

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LES CHOSES QUI S’EN VONT

s’il y en avait en masse, on se le disait et on se le criait : histoire de féliciter indirectement le cultivateur de la belle venue de sa semence. Dans le cas contraire, on s’amusait pareil, mais le fion de la journée était : Cette année, les petites patates ne sont pas grosses.

Pioche, pioche, pioche ; midi arrive quand même vous savez. L’angelus faisait toujours l’effet d’une révélation. Plusieurs même regardaient leurs borloques pour s’assurer si elle marchait, ou si Cristeau, qui bédochait dans ce temps-là, ne faisait pas ses foins, par hasard. Il n’y avait d’ailleurs pas à faire les gesteux ni à lambiner ; il fallait descendre à la maison. Personne ne s’ostinait toutefois, car tous avaient plus ou moins la fringale, ou la clanche basse.

Les bœufs dételés, allaient boire tous seux à la dalle. Nous prenions une bauche pour aller leur ouvrir la barrière du clos de pacage, la refermer, remettre l’amblette, et puis après cette shire, arriver encore à la maison, tout vannés, quant et les autres.