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Le coup d’œil constamment se transforme et varie.
Enfin, la rive, ainsi qu’un décor de féerie.
Sous le flot qui se cabre en un brusque détour,
S’entr’ouvre, et tout à coup démasque le contour
D’un bassin gigantesque où la Toute-Puissance
Semble avoir mis le comble à sa magnificence.

Un cirque merveilleux de plateaux inclinés ;
Un vaste amphithéâtre aux gradins couronnés
De pins majestueux et de grandis bouquets d’ormes ;
Un promontoire à pic aux assises énormes ;
Au fond de l’horizon un bleuâtre rideau
Sur lequel se détache une avalanche d’eau,
Avec d’âpres clameurs croulant dans un abîme…
Partout, au nord, au sud, la nature sublime
Dans le cadre idéal d’un conte d’Orient !
Cartier est là debout, glorieux, souriant,
Tandis que ses Bretons, penchés sur les bordages,
Groupés sur les tillacs, suspendus aux cordages,
Par un long cri de joie, immense, spontané,
Éveillent les échos du vieux Stadaconé !