Page:Franc-Nohain - Guide du bon sens (1932).djvu/51

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

promesse d’une plus grande quantité de beurre faisait oublier que le pain n’était pas en quantité suffisante, que, par instant, il manquait même complètement.

Un peuple vit avec des réalités, mais on le gouverne avec des promesses ; cela dure ce que cela dure, mais, quand cela ne peut plus durer, on en est quitte pour changer de gouvernement, qui consiste à changer la forme gouvernementale, tout en conservant les mêmes méthodes.

N’a-t-on pas observé le rôle prépondérant que jouait la lune dans les rêves des hommes ? Il ne s’agit pas de la décrocher avec les dents ; mais monter jusqu’à elle apparaît toujours le record suprême ; et la promesse suprême, c’est aussi la lune.

En sorte que le jour où la lune ne nous ménagera plus de contrées inconnues, où l’espoir de découvertes surprenantes ne nous y attirera plus, où, atteinte et explorée jusqu’en ses moindres recoins, on ira dans la lune et on s’y promènera comme à Bois-Colombes ou dans le bois de Meudon, est-ce à dire que les rêves des hommes seront désormais satisfaits, que les hommes limiteront et arrêteront là, une fois pour toutes, leur record de hauteur, de même que, tenant la lune et, par conséquent, n’ayant plus à attendre qu’on la leur promette,