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XV
ET LES DIALOGUES SUR LA PEINTURE

le plus vaste de tous les arts, celui duquel dépendent tous les autres. Il rêve de travaux gigantesques : construire des aqueducs, édifier des forteresses, rebâtir des villes entières ennoblies de voies majestueuses, de portiques, d’arcs de triomphe, de temples et de palais. Il voudrait doter son pays de monuments impérissables, à l’imitation de ceux des Romains.

Que trouve-t-il en Portugal ? De toute part indifférence, ou pis encore.

Plus que jamais on s’intéresse aux guerres extérieures, aux conquêtes coloniales, au commerce qui va prospérant. Les grands seigneurs, malgré leur vanité, malgré leur amour du luxe, se piquent de dédaigner les artistes et les arts. Cependant la famille royale continue à Francisco ses faveurs. L’infant Dom Luiz l’emmène en pèlerinage à Saint-Jacques de Compostelle. On le paie généreusement. Mais à quoi emploie-t-on son habileté impatiente de faire ses preuves ? À peindre sur parchemin quelques portraits, à dessiner des moules à hosties, des mitres, des ornements sacerdotaux. Première déception. Une autre, plus amère sans doute, lui était réservée. Cet art de la Renaissance pour l’amour duquel il avait entrepris son long voyage, que ses compatriotes connaissaient à peine par-ouï-dire au moment de son départ et qu’il espérait, lui, leur