Page:Francisco de Holanda - Quatre dialogues sur la peinture - 1548-1911.djvu/45

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PROLOGUE


Si Dieu me donnait licence de choisir, entre toutes les grâces qu’il a dispensées aux mortels, celle que aimerais le mieux posséder ou obtenir, je ne lui en demanderais nulle autre, après la foi, que la haute faculté d’exceller en la peinture ; et peut-être en cela ne voudrais-je être un homme autre que je suis. Ce dont je rends maintes grâces à Dieu immortel et souverain pour ce qu’il m’a, en ce monde vaste et confus, donné cette petite lumière qu’est mon ambition de la très haute peinture, si singulière en mérite qu’aucun autre don ne me semble plus glorieux ni plus digne de respect.

Mais il est une chose qu’on allègue à la honte de l’Espagne et du Portugal : c’est que ni en Espagne ni en Portugal on ne connaît la peinture ; qu’on n’y fait pas de bonne peinture ; et que la peinture n’y est pas en honneur.