Page:Francisco de Holanda - Quatre dialogues sur la peinture - 1548-1911.djvu/61

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

DIALOGUE PREMIER 17

puisqu’il ne m’a pas encore aperçu. Quoique je sache déjà que le meilleur moyen de ne pas voir une personne c’est de l’avoir sous les yeux. »

Vous eussiez vu, à ces mots, avec quel étonnement Michel-Ange se tourna vers moi, et me dit :

— « Pardonnez-moi, messer Francisco. Je ne vous avais pas aperçu parce que je ne voyais que madame la marquise. Mais puisque Dieu veut que vous soyez la, venez, en compagnon, à mon aide et à mon secours. »

— « Pour ce seul mot je vous pardonnerai ce que vous venez de dire. Mais il me semble que madame la marquise (tel le soleil, dont les rayons dissolvent et durcissent à la fois) produit avec une seule lumière deux effets contraires : vous, sa vue vous a aveuglé ; et moi, c’est seulement parce que je la vois que je vous vois et vous entends. Je sais aussi combien Son Excellence peut captiver l’attention de l'homme le plus averti, sans lui laisser le temps de s’occuper de personne autre ;