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ÉPICHARME.

ÉPICHARME de Cos, surnommé le Mégarique ou le Sicilien, parce qu’il passa la plus grande partie de sa vie à Mégare en Sicile, florissait pendant la seconde moitié du ve siècle avant l’ère chrétienne, Il est surtout célèbre comme poëte comique ; toute l’antiquité le regardait comme un modèle en ce genre ; mais il mérite aussi une place dans ce Recueil comme disciple de Pythagore et comme auteur de plusieurs écrits philosophiques, parmi lesquels plusieurs critiques ont voulu compter les Vers dorés de Pythagore. À part cette dernière composition, que rien ne nous autorise à lui attribuer, il ne reste d’Épicharme que quelques fragments et les titres de quarante de ses comédies. Malheureusement ces débris ne sont pas d’une grande utilité pour l’histoire de la philosophie.

On peut consulter sur Épicharme Sextus Empiricus, Adv. Mathem., lib. 1, p. 273 et 284. — Jamblique, Vita Pythag., c. 34 et 36. — Diogène de Laërte, liv. iii, c. 9-17 ; liv. viii, c. 78. — Cicéron, Tuscul., lib. 1, c. 8. X.

ÉPICHÉRÈME. Lorsque les prémisses d’un syllogisme ne sont pas de nature à paraître immédiatement évidentes, on joint à chacune d’elles une ou plusieurs propositions destinées à en faire sentir l’évidence et par suite à montrer le rapport qui les unit. L’argument ainsi disposé est l’épichérème que l’on définit ordinairement : un syllogisme dont les prémisses, ou l’une des prémisses est acompagnée de preuves. L’épichérème n’étant qu’un syllogisme, doit reconnaître toutes les règles du syllogisme ; en outre, il faut avoir soin que les preuves annexes aux prémisses aient avec elles un rapport vrai et intime. Cette forme d’argument est particulièrement employée dans la discussion ; c’est de là qu’elle tire son nom ἐπιχείρημα, de ἐπιχειρέω, attaquer. Epicherema Valgius aggressionem vocat, dit Quintilien, liv. v, c. 10 ; et Aristote, faisant mention de cette forme (Topiques, liv. vi, c. 11), se borne à dire : « L’épichérème est un syllogisme dialectique. » J. D.-J.

ÉPICTÈTE est né à Hiéropolis, en Phrygie, dans le premier siècle de notre ère. On ignore l’époque précise de sa mort, qui arriva vers le milieu du second siècle. Il fut d’abord esclave, ensuite affranchi d’Épaphrodite, homme grossier et sans lettres, et l’un des gardes particuliers de Néron. Ce nom d’Épictète, le seul que lui donne l’histoire, n’est qu’un surnom qui rappelle sa condition servile. Lorsque Domitien chassa de Rome les philosophes, 90 ans après J.-C., Épictète se retira à Sopolis en Épire, et l’on croit qu’il y mourut. L’austérité de ses mœurs, digne de ses principes philosophiques, recommande mieux son nom à la postérité que sa doctrine, dont tous les monuments sont perdus, et qui ne nous est plus connue que par Arrien et ses autres disciples. Les premiers stoïciens disaient : « Douleur, tu ne me feras pas convenir que tu sois un mal ; » Épictète dit à son maître qui vient de lui rompre une jambe : « Je vous avais bien dit que vous la casseriez. » Voilà une vertu romaine. Le stoïcisme n’est que l’héroïsme romain réduit en système. Un jour, Épictète achète une lampe de fer ; un voleur entre chez lui et la dérobe : « Il sera bien attrapé demain, s’il revient, dit le philosophe, car il n’en trouvera qu’une de terre. » Cette lampe de terre, à la mort