Page:Freud - Introduction à la psychanalyse (trad. Jankélévitch), 1923.djvu/119

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Vous me ferez observer à ce propos que j’introduis une nouvelle supposition, la deuxième depuis le commencement de nos recherches sur les rêves et que, ce faisant, je diminue considérablement la valeur de mon procédé. Première supposition : le rêve est un phénomène psychique. Deuxième supposition : il se passe dans l’homme des faits psychiques qu’il connaît, sans le savoir, etc. Il n’y a, me direz-vous, qu’à tenir compte de l’invraisemblance de ces deux suppositions pour se désintéresser complètement des conclusions qui peuvent en être déduites.

Oui, mais je ne vous ai pas fait venir ici pour vous révéler ou vous cacher quoi que ce soit. J’ai annoncé des « leçons élémentaires pour servir d’introduction à la psychanalyse », ce qui n’impliquait nullement de ma part l’intention de vous donner un exposé ad usum delphini, c’est-à-dire un exposé uni, dissimulant les difficultés, comblant les lacunes, jetant un voile sur les doutes, et tout cela pour vous faire croire en toute conscience que vous avez appris quelque chose de nouveau. Non, précisément parce que vous êtes des débutants, j’ai voulu vous présenter notre science telle qu’elle est, avec ses inégalités et ses aspérités, ses prétentions et ses hésitations. Je sais notamment qu’il en est de même dans toute science, et surtout qu’il ne peut en être autrement dans une science à ses débuts. Je sais aussi que l’enseignement s’applique le plus souvent à dissimuler tout d’abord aux étudiants les difficultés, et les imperfections de la science enseignée. J’ai donc formulé deux suppositions, dont l’une englobe l’autre, et si le fait vous paraît trop pénible et incertain et si vous êtes habitués à des certitudes plus élevées et à des déductions plus élégantes, vous pouvez vous dispenser de me suivre plus loin. Je crois même que vous feriez bien, dans ce cas, de laisser tout à fait de côté les problèmes psychologiques, car il est à craindre que vous ne trouviez pas ici ces voles exactes et sûres que vous êtes disposés à suivre. Il est d’ailleurs inutile qu’une science ayant quelque chose à donner recherche auditeurs et partisans. Ses résultats doivent parler pour elle, et elle peut attendre que ces résultats aient fini par forcer l’attention.