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Méliador

Des dis chevaliers tournoians.
Comment il feront. Il est tamps ;
29190 J’en parlerai tres volentiers
Sans tenir voies ne sentiers.
A l’endemain, de quoi le soir
Telz solas ot ou dit manoir,
Il vinrent tout environ tierce ;
29195 Ne demandent el, fors c’on fierce
Ensamble, de par les diseurs,
On poet dire : « Ci gist honneurs »,
Qui les voit sus les camps armés :
Nulz n’est par derriere remés
29200 S’il n’est recreans ou fallis.
Quinse .c. et sissante sis
En y a, et tous a hÿaumes.
Bien croi que de pluiseurs royaumes
Sont issu ; pas ne sont tout d’un.
29205 .I. petit après le desjun,
Dou manoir le bon roy Artu,
Qui moult courtois et legiers fu,
Et que dames furent montées
Ens es loges bien fenestrées,
29210 .I. grant cor d’ivore on sonna.
Cilz sons dessus les camps s’en va,
Car bondis fu de bonne touce
De celi qui le tint a bouce. f. 214 c
Adont veïssiés approcier,
29215 Sus tamaint biel et bon coursier,
Chevaliers tenant les espées
De tournoy, bien enacerées
Et trencans comme bien apertes,
Car il jeuoient tout acertes,
29220 Excepté tant que de leurs cops.
Nulz n’osoit ferir des estos
En derrier, ne devant les dames :
Estos au tournoy c’estoit blasmes