Page:Fromentin - Dominique, 1863.djvu/101

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mains sales, et dont jamais je ne ferai mes amis. Ils nous prendront en grippe, cela m’est égal. À nous deux nous en viendrons à bout. Vous les primerez, ils vous respecteront. Disposez de moi pour tout ce que vous voudrez, excepté pour vous trouver le sens des phrases. Le latin m’ennuie, et si ce n’était qu’il faut être reçu bachelier, je n’en ferais de ma vie. »

Puis il m’apprit qu’il s’appelait Olivier d’Orsel, qu’il arrivait de Paris, que des nécessités de famille l’avaient amené à Ormesson, où il finirait ses études, qu’il demeurait rue des Carmélites avec son oncle et deux cousines, et qu’il possédait à quelques lieues d’Ormesson une terre d’où lui venait son nom d’Orsel.

« Allons, reprit-il, voilà une classe de passée, n’y pensons plus jusqu’à ce soir. »

Et nous nous quittâmes. Il marchait lestement, faisait craquer de fines chaussures en choisissant avec aplomb les pavés les moins boueux, et balançait son paquet de livres au bout d’un lacet de cuir étroit et bouclé comme un bridon anglais.

À part ces premières heures, qui se rattachent, comme vous le voyez, aux souvenirs posthumes d’une amitié contractée ce jour-là, tristement et définitivement morte aujourd’hui, le reste de ma