Page:Fromentin - Dominique, 1863.djvu/134

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tu le sais ; je ne suis que le neveu de mon oncle, et de ce côté je n’attends que les affections qui me sont dues, c’est-à-dire une bien petite part dans le patrimoine de tendresse qui revient de droit à mes deux cousines. J’ai besoin qu’on m’aime et autrement que d’une amitié de collége… Ne te récrie pas ; je te suis reconnaissant de l’attachement que tu me témoignes, et je suis sûr que tu me le continueras, quoi qu’il arrive. Je te dirai aussi que tu m’es très-cher. Mais enfin tu me permettras de trouver un peu tièdes les affections estimables qui me sont échues. Il y a deux mois qu’un soir, au bal, je parlais à peu près des mêmes choses à la personne que nous venons de rencontrer. Elle s’en est amusée d’abord, n’y voyant que les doléances d’un collégien que le collége ennuie ; or, comme j’avais la ferme volonté d’être écouté sérieusement quand je parlais de même, et la certitude qu’on me croirait si je le voulais bien : « Madame, lui dis-je, ce sera une prière, s’il vous plaît de le prendre ainsi ; sinon c’est un regret que vous n’entendrez plus. » Elle me donna deux petits coups d’éventail, sans doute afin de m’interrompre ; mais je n’avais plus rien à lui dire, et pour ne pas me démentir je quittai le bal aussitôt. Depuis j’ai tenu parole, je n’ai pas ajouté un mot