Page:Fromentin - Dominique, 1863.djvu/135

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qui pût lui faire croire que j’eusse ou la moindre espérance ou le moindre doute. Elle ne m’entendra plus ni me plaindre ni la supplier. Je sens qu’en pareil cas j’aurai beaucoup de patience, et j’attendrai. »

En me parlant ainsi, Olivier était très-calme. Un peu plus de brusquerie dans son geste, un certain accent plus vibrant dans sa voix, c’était le seul signe perceptible qui trahît le tremblement intérieur, s’il tremblait au fond du cœur, ce dont je doute. Quant à moi, je l’écoutais avec une réelle et profonde angoisse. Ce langage était si nouveau, la nature de ses confidences était telle que je n’en ressentis d’abord qu’un grand trouble, comme au contact d’une idée tout à fait incompréhensible.

« Eh bien ! lui dis-je sans trouver autre chose à répondre que cette exclamation de naïf ébahissement.

— Eh bien ! voilà ce que je voulais t’apprendre, Dominique, ceci et pas autre chose. Lorsqu’à ton tour tu me diras de t’écouter, je saurai le faire. »

Je lui répondis plus laconiquement encore par un serrement de main des plus tendres, et nous nous séparâmes.

Il en fut des confidences d’Olivier comme de toutes les leçons trop brusques ou trop fortes : cette