Page:Fromentin - Dominique, 1863.djvu/152

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des résultats. J’ignore quelles idées vous avez sur tout cela, si même vous en avez. En tout cas, il est peu probable qu’elles soient justes, et ce qu’il y a de plus triste, c’est que vous avez raison. Le monde devrait être tout pareil à ce que vous l’imaginez. Si vous saviez pourtant comme il est différent. En attendant que vous en jugiez par vous-même, accoutumez-vous à ces deux idées : qu’il y a des vérités et qu’il y a des hommes. Ne variez jamais sur le sentiment natif que vous avez des unes ; quant aux autres, attendez-vous à tout pour le jour où vous les connaîtrez. »

« Écrivez-moi plus souvent. Ne dites pas que je connais d’avance votre vie et que vous n’avez rien à m’en apprendre. À l’âge que vous avez et dans un esprit comme le vôtre, il y a chaque jour du nouveau. Vous souvenez-vous de l’époque où vous mesuriez les feuilles naissantes et me disiez de combien de lignes elles avaient grandi sous l’action d’une nuit de rosée ou d’une journée de fort soleil ? Il en est de même pour les instincts d’un garçon de votre âge. Ne vous étonnez pas de cet épanouissement rapide, qui, si je vous connais bien, doit vous surprendre et peut-être vous effrayer. Laissez agir des forces qui n’auront chez vous rien de dangereux : parlez-moi seulement