Page:Fromentin - Dominique, 1863.djvu/163

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de les trouver tout naturels, ne me parla de rien, ne s’étonna de rien, et ne s’expliqua pas davantage sur les faits qui se passaient dans sa famille. Une seule fois, une fois pour toutes, avec une habileté qui me dispensait presque d’un aveu, il avait établi que nous nous comprenions au sujet de M. de Nièvres.

« Je ne te demande pas, me dit-il, comment tu trouves mon futur cousin. Tout homme qui, dans un petit monde aussi restreint et aussi uni que le nôtre, vient prendre une femme, c’est-à-dire nous enlever une sœur, une cousine, une amie, apporte par cela même un certain trouble, fait un trou dans nos amitiés, et dans aucun cas ne saurait être le bienvenu. Quant à moi, ce n’est pas précisément le mari que j’aurais voulu pour Madeleine. Madeleine est de sa province. M. de Nièvres me semble n’être de nulle part, comme beaucoup de gens de Paris ; il la transplantera et ne la fixera pas. À cela près, il est fort bien.

— Fort bien ! lui dis-je ; je suis convaincu qu’il fera le bonheur de Madeleine… et c’est après tout…

— Sans doute, reprit Olivier sur un ton de négligence affectée, sans doute, avec désintéressement ; c’est tout ce que nous pouvons souhaiter. »