Page:Fromentin - Dominique, 1863.djvu/180

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contre un entraînement trop irrésistible pour être arrêté par des avis. Ils le comprirent et ils firent comme moi : ils attendirent ma délivrance ou ma perte de la dernière ressource qui reste aux hommes sans volonté ou à bout de combinaisons, l’inconnu.

Augustin m’écrivit encore une ou deux fois pour m’envoyer des nouvelles de Madeleine. Elle avait visité près de Paris la terre où l’intention de M. de Nièvres était de passer l’été. C’était un joli château dans les bois, « le plus romantique séjour, m’écrivait Augustin, pour une femme qui peut-être partage à sa manière vos regrets de campagnard et vos goûts de solitaire. » Madeleine écrivait de son côté à Julie, et sans doute avec des épanchements de sœur qui ne parvenaient pas jusqu’à moi. Une seule fois, pendant ces plusieurs mois d’absence, je reçus un court billet d’elle, où elle me parlait d’Augustin. Elle me remerciait de le lui avoir fait connaître, me disait le bien qu’elle pensait de lui : que c’était la volonté même, la droiture et le plus pur courage ; et me donnait à entendre qu’en dehors des besoins du cœur je n’aurais jamais de plus ferme et de meilleur appui. Ce billet, signé de son nom de Madeleine, était accompagné des souvenirs affectueux de son mari.