Page:Fromentin - Dominique, 1863.djvu/213

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parlât. Il n’en dédaignait point les résultats, mais le mettait beaucoup au-dessous d’un capital d’idées que, selon lui, rien ne saurait ni représenter ni payer.

« Je suis un ouvrier, disait-il, qui travaille avec des outils fort peu coûteux, c’est vrai ; mais ce qu’ils produisent est sans prix, quand cela est bon. »

Il ne se considérait donc comme l’obligé de personne. Les services qu’on avait pu lui rendre, il les avaient achetés et bien payés. Et dans ces sortes de marchés, qui de sa part excluaient, sinon tout savoir-vivre, du moins toute humilité, il y avait une manière de s’offrir qui marquait au plus juste le prix qu’il entendait y mettre.

« Du moment qu’on traite avec l’argent, disait-il, ce n’est plus qu’une affaire où le cœur n’entre pour rien, et qui n’engage aucunement la reconnaissance. Donnant, donnant. Le talent même en pareil cas n’est qu’une obligation de probité. »

Il avait essayé de beaucoup de situations, tenté déjà beaucoup d’entreprises, non par aptitude, mais par nécessité. N’ayant pas le choix des moyens, il avait l’application plus encore que la souplesse qui permet de les employer tous. À force de volonté, de clairvoyance, d’ardeurs, il