Page:Fromentin - Dominique, 1863.djvu/217

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Puis il ajouta :

« Ne parlons pas de ces choses-là trop tôt. Vous serez le premier que j’en instruirai quand le moment sera venu. »

« Ne restons pas ici, me dit-il au bout d’un instant, cela sent la déroute. Ce n’est pas qu’on s’y ennuie, mais on y contracte des envies de se laisser aller. »

Nous sortîmes ensemble, et chemin faisant je le mis au courant des motifs particuliers de lassitude et de découragement que j’avais. Mes lettres l’avaient averti, et le reste lui était devenu bien clair le jour où Mme de Nièvres et lui s’étaient rencontrés. Je n’avais donc pas eu l’embarras de lui expliquer les difficultés d’une situation qu’il connaissait aussi bien que moi, ni les perplexités d’un esprit dont il avait mesuré toutes les résistances comme toutes les faiblesses.

« Il y a quatre ans que je vous sais amoureux, me dit-il au premier mot que je prononçai.

— Quatre ans ? lui dis-je, mais je ne connaissais pas alors Mme de Nièvres.

— Mon ami, me dit-il, vous rappelez-vous le jour où je vous ai surpris pleurant sur les malheurs d’Annibal ? Eh bien ! je m’en suis étonné d’abord, n’admettant pas qu’une composition de collège pût