Page:Fromentin - Dominique, 1863.djvu/222

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

nom. Je mis entre elle et moi un monde d’obstacles et d’indignités. Olivier put croire un moment que c’était bien fini ; mais la personne avec qui je tâchai de tuer cette mémoire importune ne s’y trompa pas. Un jour j’appris par une étourderie d’Olivier, qui s’observait un peu moins à mesure qu’il se croyait plus sûr de ma raison, j’appris que des nécessités d’affaires rappelaient M. d’Orsel en province, et que tous les habitants de Nièvres allaient bientôt partir pour Ormesson. À la minute même, ma détermination fut prise, et je voulus rompre.

« Je viens vous dire adieu, dis-je en entrant dans un appartement où je ne devais plus remettre les pieds.

— Ce que vous faites, je l’aurais fait un peu plus tard, mais bientôt, me dit-elle sans marquer ni surprise ni contrariété.

— Alors vous ne m’en voulez pas ?

— Aucunement. Vous ne vous appartenez pas. »

Elle était à sa toilette et s’y remit.

« Adieu », reprit-elle sans tourner la tête.

Elle me regarda dans son miroir et sourit. Je la quittai sans aucune autre explication.

« Encore une sottise ! me dit Olivier quand il fut informé de ce que j’avais fait.

— Sottise ou non, me voilà libre, lui dis-je. Je