Page:Fromentin - Dominique, 1863.djvu/248

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venu, s’il avait été moins déraisonnable ou plus heureux ?

« Vous ne dansez pas, me dit Madeleine un peu plus tard en me rencontrant sur son passage, et je m’y trouvais souvent sans le vouloir.

— Non, je ne danserai pas, lui dis-je.

— Pas même avec moi ? reprit-elle avec un peu d’étonnement.

— Ni avec vous ni avec personne.

— Comme vous voudrez, » dit-elle en répondant sèchement à mes airs bourrus.

Je ne lui parlai plus de la soirée et je l’évitai, tout en la perdant de vue le moins possible.

Olivier n’arriva qu’après minuit. Je causais avec Julie, qui n’avait dansé qu’à contre-cœur et ne dansait plus, quand il entra calme, aisé, souriant, les yeux armés de ce regard direct dont il se couvrait comme d’une épée tendue chaque fois qu’il se trouvait en présence de visages nouveaux, et surtout de visages de femmes. Il alla serrer la main de Madeleine. Je l’entendis s’excuser de ce qu’il arrivait si tard ; puis il fit le tour du salon, salua deux ou trois femmes dont il était connu, s’approcha de Julie, et, s’asseyant familièrement à côté d’elle :

« Madeleine est très-bien… Et toi aussi, tu es