Page:Fromentin - Dominique, 1863.djvu/249

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très-bien, ma petite Julie, dit-il à sa cousine avant même d’avoir examiné sa toilette. Seulement, reprit-il sur le même ton de lassitude ennuyée, tu as là des nœuds roses qui te brunissent un peu trop. »

Julie ne bougea pas. D’abord elle eut l’air de ne pas entendre, puis elle fixa lentement sur Olivier l’émail bleu noir de ses prunelles sans flamme, et après quelques secondes d’un examen capable de déraciner même la ferme constance d’Olivier :

« Voulez-vous me conduire auprès de ma sœur ? » me dit-elle en se levant.

Je fis ce qu’elle voulait, après quoi je me hâtai de rejoindre Olivier.

— « Tu as blessé Julie ? lui dis-je.

— C’est possible, mais Julie m’agace. » Et puis il me tourna le dos pour couper court à toute insistance.

J’eus le courage, était-ce un courage ? de rester jusqu’à la fin du bal. J’avais besoin de revoir Madeleine presque seul à seul, de la posséder plus étroitement après le départ de tant de gens qui se l’étaient pour ainsi dire partagée. J’avais supplié Olivier de m’attendre en lui représentant qu’il avait d’ailleurs à réparer sa venue tardive. Bonne ou mauvaise, cette dernière raison, dont il n’était