Page:Fromentin - Dominique, 1863.djvu/263

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dant. Elle était sérieuse, elle avait les yeux un peu rouges, comme si les nuits précédentes elle avait beaucoup veillé, ou qu’elle eût pleuré quelques minutes auparavant. Elle avait ces airs paisibles et recueillis qui lui revenaient quelquefois dans ses moments de retour sur elle-même et faisaient revivre en elle la pensionnaire d’autrefois. Avec sa robe montante, toutes ces fleurs qui l’entouraient, les fenêtres ouvertes et donnant sur des arbres, on l’eût dite encore dans son jardin d’Ormesson.

Cette transfiguration complète, cette attitude attristée, soumise, pour ainsi dire à moitié vaincue, m’ôta toute idée de triomphe et fit tomber subitement mes audaces.

« Je suis bien coupable envers vous, lui dis-je et je viens m’excuser.

— Coupable ? vous excuser ? dit-elle en cherchant à se remettre un peu de sa surprise.

— Oui, je suis un fou, un ami cruel et désolé qui vient se mettre à vos pieds, vous demander son pardon…

— Mais qu’ai-je donc à vous pardonner ? reprit-elle, un peu effrayée de cette chaleureuse invasion dans la tranquillité de sa retraite.

— Ma conduite passée, tout ce que j’ai fait, tout