Page:Fromentin - Dominique, 1863.djvu/285

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stituait je ne sais quoi de vague et de chimérique, comme ce dernier espoir qui reste aux gens qui n’espèrent plus.

Lorsqu’il lui arrivait de manquer à cette mission de presque tous les jours, qu’elle accomplissait avec l’enthousiasme d’un médecin qui se dévoue, le lendemain elle m’en demandait pardon comme d’une faute. J’en étais venu à ne plus savoir si je devais accepter ou non la douceur d’une assistance aussi terrible. Je sentais se glisser en moi de telles perfidies, que je ne discernais plus dans quelle mesure j’étais coupable ou seulement malheureux. Malgré moi, j’ourdissais des plans abominables ; et chaque jour Madeleine, à son insu peut-être, mettait le pied dans des trahisons. Je n’en étais plus à ignorer qu’il n’y a pas de courage au-dessus de certaines épreuves, que la plus invincible vertu, minée à toutes les minutes, court de grands risques, et que de toutes les maladies, celle dont on entreprenait de me guérir était certainement la plus contagieuse.

M. de Nièvres ayant brusquement quitté Paris, Madeleine me fit savoir que nos promenades devaient être suspendues. Nous les reprîmes aussitôt après le retour de son mari, avec plus d’exaltation et de décision. Ce perpétuel me, me adsum