Page:Fromentin - Dominique, 1863.djvu/298

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sentirez à présenter un de vos plus anciens amis et des meilleurs à madame…, j’allais dire son nom.

— J’ai changé de nom, me dit-il en m’interrompant. J’ai demandé une autorisation qui me permît de prendre le nom de ma mère, une femme excellente et respectable dont le souvenir, car je l’ai perdue trop tôt, vaut mieux que celui de mon père, à qui je dois seulement l’accident de ma naissance. »

Je n’avais jamais songé à m’informer si Augustin avait une famille, tant il avait des allures d’un orphelin, c’est-à-dire l’air indépendant et abandonné, en d’autres termes le caractère de la vie individuelle, sans origines, ni liens, ni devoirs, ni douceurs. Il rougit légèrement en prononçant le mot « d’accident de naissance, » et je compris qu’il était encore plus qu’orphelin.

Il reprit et me dit :

« Je vous prierai, jusqu’à nouvel ordre, de ne pas m’amener votre ami Olivier. Il ne rencontrerait chez moi rien de ce qui lui plaît, sinon une femme très-bonne et parfaitement dévouée, qui me remercie chaque jour de l’avoir épousée, qui voit, grâce à moi, l’avenir tout en rose, qui n’aura d’autre ambition que de me savoir heureux d’a-