Page:Fromentin - Dominique, 1863.djvu/297

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— Vous êtes donc marié ? lui dis-je, comprenant enfin qu’il s’agissait d’une liaison sérieuse et définitive.

— Mais sans doute. Croyez-vous donc que je vous parlais de ma maîtresse ? Mon cher ami, je n’ai ni assez de temps, ni assez d’argent, ni assez d’esprit pour suffire aux dépenses de pareilles liaisons. D’ailleurs, avec la manie que vous me connaissez de prendre tout au sérieux, je les considère comme des mariages aussi coûteux que les autres, moins satisfaisants, même quand ils sont plus heureux, et souvent plus difficiles à rompre, ce qui prouve une fois de plus combien nous aimons les cercles vicieux. Beaucoup de gens se lient pour éviter le mariage, qui devraient au contraire se marier pour briser des chaînes. Je redoutais ce piège, où je me savais trop enclin à tomber, et j’ai pris, vous le voyez, le bon parti. J’ai établi ma femme à la campagne, tout près de Paris, — pauvrement, je dois vous le dire, ajouta-t-il en ayant l’air de comparer son intérieur avec le mien, qui cependant était très-modeste, — et un peu tristement, je le crains pour elle. Aussi j’ose à peine vous inviter à venir nous voir.

— Quand vous voudrez, lui dis-je en lui serrant tendrement la main, aussitôt que vous con-