Page:Fromentin - Dominique, 1863.djvu/321

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de victimes à eux deux que beaucoup de passions soi-disant mortelles ; je connais leurs habitudes homicides, et j’en ai peur… »

Il continua de la sorte sur un ton demi-sérieux qui contenait l’aveu d’incurables erreurs, et me faisait vaguement redouter des découragements dont vous connaissez l’issue. Je le laissai dire, et quand il eut fini :

« Iras-tu prendre des nouvelles de Julie ? lui demandai-je.

— Oui, dans l’antichambre.

— La reverras-tu ?

— Le moins possible.

— As-tu prévu ce qui t’attend ?

— J’ai prévu qu’elle se mariera avec un autre, ou qu’elle restera fille.

— Adieu, lui dis-je, bien qu’il n’eût pas quitté ma chambre.

— Adieu, » me dit-il.

Et nous nous séparâmes sur ce dernier mot, qui n’atteignit pas le fond de notre amitié, mais qui brisa toute confiance, sans autre éclat et sèchement, comme on brise un verre.