Page:Fromentin - Dominique, 1863.djvu/33

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nous faire sa visite, et le lendemain même un billet d’invitation nous arrivait des Trembles. C’était une prière aimable signée du mari, mais écrite au nom de Mme de Bray ; il s’agissait d’un dîner de famille offert en voisins, et qu’on serait heureux de nous voir accepter de même.

Cette nouvelle entrevue, la première, à vrai dire, qui m’ait donné entrée dans la maison des Trembles, n’eut rien non plus de bien mémorable, et je n’en parlerais pas si je n’avais à dire un mot tout de suite de la famille de M. Dominique. Elle se composait des trois personnes dont j’avais déjà vu de loin la silhouette fugitive au milieu des vignes : une petite fille brune qu’on appelait Clémence, un garçon blond, fluet, grandissant trop vite et qui déjà promettait de porter avec plus de distinction que de vigueur le nom moitié féodal et moitié campagnard de Jean de Bray. Quant à leur mère, c’était une femme et une mère dans la plus excellente acception de ces deux mots, ni matrone ni jeune fille, très-jeune d’âge peut-être, avec la maturité et la dignité puisées dans le sentiment bien compris de son double rôle ; de très-beaux yeux dans un visage indécis, beaucoup de douceur, je ne sais quoi d’ombrageux d’abord qui tenait sans doute à l’isolement accoutumé de sa