Page:Fromentin - Dominique, 1863.djvu/339

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ment, ce qui venait du philanthrope ou de l’amoureux.

Quoi qu’il en soit, je me résumai d’abord dans un livre qui parut sous un nom fictif. Quelques mois après, j’en lançai un second. Ils eurent l’un et l’autre beaucoup plus de retentissement que je ne le supposais. En très-peu de temps, d’absolument obscur je faillis devenir célèbre. Je savourai délicatement ce plaisir vaniteux, furtif et tout particulier, de m’entendre louer dans la personne de mon pseudonyme. Le jour où le succès fut incontestable, je portai mes deux volumes à Augustin. Il m’embrassa de tout son cœur, me déclara que j’avais un grand talent, s’étonna qu’il se fût révélé si vite et du premier coup, et me prédit comme infaillibles des destinées à me faire tourner la tête. Je voulus que Madeleine eût l’avant-goût de ma célébrité, et j’adressai mes livres à M. de Nièvres. Je le priais de ne pas me trahir ; je lui donnais de ma retraite une explication plausible ; elle devenait à peu près excusable depuis qu’il avait avéré qu’elle avait un but. La réponse de M. de Nièvres ne contenait guère que des remercîments et des éloges calqués sur des bruits publics. Madeleine n’ajoutait pas un mot aux remercîments de son mari.