Page:Fromentin - Dominique, 1863.djvu/354

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

peignoir qui dissimulait l’exiguïté de ses formes et lui donnait des airs de femme. Elle était très-changée, beaucoup plus que ne pouvaient s’en apercevoir ceux qui l’approchaient à toutes les minutes du jour. Un petit épagneul dormait à ses pieds, la tête appuyée sur le bout de ses pantoufles. Il y avait à portée de sa main, sur un guéridon garni d’arbustes et de plantes en fleur, des oiseaux en cage qu’elle élevait, et qui chantaient gaiement au milieu de ce jardinet d’hiver. Je regardai ce mince visage, miné par la fièvre, amaigri et bleui autour des tempes, ces yeux creusés, plus ouverts et plus noirs que jamais, où flambait dans l’obscurité des prunelles un feu sombre, mais inextinguible ; et cette pauvre fille amoureuse et à demi morte sous le mépris d’Olivier me fit une peine horrible.

« Guérissez-la, sauvez-la, dis-je à Madeleine quand nous l’eûmes quittée ; mais ne l’abusez plus ! »

Madeleine eut l’air de douter encore, comme s’il lui fût resté un faible espoir dont elle ne voulait pas à toute force se séparer.

« Ne pensez plus à Olivier, repris-je résolûment, et ne l’accusez pas plus que de raison. »

Je lui fis connaître les motifs bons ou mauvais