Page:Fromentin - Dominique, 1863.djvu/365

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allées, comme si elle eût cherché quelqu’un. Elle disparut et revint encore ; elle hésita entre trois ou quatre routes qui menaient du parterre aux confins du parc, puis elle prit, sous un couvert d’ormeaux, l’allée des étangs. Je ne fis qu’un bond pour m’élancer d’un bord à l’autre, et je la suivis. Elle marchait vite, sa coiffure de campagne mal attachée sur ses oreilles, tout enveloppée d’un long cachemire qui l’emmaillotait comme si elle avait eu très-froid. Elle tourna la tête en m’entendant venir, rebroussa chemin brusquement, passa près de moi sans me regarder, gagna le perron du parterre et se mit à escalader l’escalier. Je la rejoignis au moment où elle mettait le pied dans le petit salon qui lui servait de boudoir, et où elle se tenait le jour.

« Aidez-moi à plier mon châle, » me dit-elle.

Elle avait l’esprit et les yeux ailleurs et s’y prenait tout de travers. La longue étoffe chamarrée était entre nous, pliée dans le sens de sa longueur, et ne formait déjà plus qu’une bande étroite dont chacun de nous tenait une extrémité. Nous nous rapprochâmes ; il restait à joindre ensemble les deux bouts du châle. Soit maladresse, soit défaillance, la frange échappa tout à coup des mains de Madeleine. Elle fit un pas encore, chancela d’abord