Page:Fromentin - Dominique, 1863.djvu/367

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femme, avec un effroi qui m’aurait prouvé, si j’avais été en état d’y réfléchir, à quel degré d’abaissement elle me voyait réduit, comme si instantanément elle eût senti qu’il n’y avait plus entre nous ni discernement du devoir, ni égards, ni respect, que cette commisération de pur instinct n’était qu’un accident qui pouvait se démentir ; avec une pantomime effrayante qui répand encore aujourd’hui sur ces anciens souvenirs toute sorte de terreurs et de honte, Madeleine marcha lentement vers la porte, et, ne me quittant pas des yeux, comme on agit avec un être malfaisant, elle gagna le corridor à reculons. Là seulement elle se retourna et s’enfuit.

J’avais perdu connaissance, tout en me maintenant encore debout. Je me traînai, comme je le pus, jusqu’à mon appartement : je n’avais qu’une idée, c’est qu’on ne me trouvât pas évanoui dans les escaliers. Arrivé devant ma porte même avant d’avoir pu l’ouvrir, il me fut impossible de me soutenir davantage. Machinalement, je m’assurai qu’il n’y avait personne dans les corridors. Le dernier sentiment qui subsista une seconde encore fut que Madeleine était en sûreté, et je tombai roide sur le carreau.

Ce fut là que je revins à moi, une ou deux heures