Page:Fromentin - Dominique, 1863.djvu/379

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moment où la ferme s’animait. Accouplés par deux ou trois paires, — car à cause de la lourdeur des terres mouillées on avait dû tripler les attelages, — ils arrivaient traînant leur timon, le mufle soufflant, les cornes basses, les flancs émus, avec de la boue jusqu’au ventre. Les animaux de rechange qui n’avaient pas travaillé ce jour-là mugissaient au fond de l’étable en entendant revenir leurs actifs compagnons. Ailleurs c’étaient les troupeaux déjà renfermés qui s’agitaient dans la bergerie ; et des chevaux piétinaient et hennissaient, parce qu’on remuait du fourrage au-dessus de leurs mangeoires.

Les gens de service vinrent se ranger autour du maître, tête nue, avec des gestes un peu las. Dominique s’enquit minutieusement si des instruments de labour d’un emploi nouveau avaient produit les résultats qu’il en attendait ; puis il donna ses ordres pour le lendemain ; il les multiplia surtout au sujet des semailles ; et je compris que toute la semence dont il indiquait ainsi la distribution n’était pas destinée à ses propres terres ; il y avait là beaucoup de prêts sans doute, des avances faites ou des aumônes.

Ces précautions prises, il me ramena sur la terrasse. Le temps s’était éclairci. La saison, alter-