Page:Fromentin - Dominique, 1863.djvu/42

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gênés menaient pacager leurs vaches, un climat très-doux qui rendait les hivers supportables, tout cela faisait que les années passaient sans trop de détresse, et que personne ne se plaignait du sort qui l’avait fait naître à Villeneuve.

Telle était à peu près la part que Dominique prenait à la vie publique de son pays : administrer une très-petite commune perdue loin de tout grand centre, enfermée de marais, acculée contre la mer qui rongeait ses côtes et lui dévorait chaque année quelques pouces de territoire ; veiller aux routes, aux dessèchements ; tenir les levées en état ; penser aux intérêts de beaucoup de gens dont il était au besoin l’arbitre, le conseil et le juge ; empêcher les procès et les discordes aussi bien que les disputes ; prévenir les délits ; soigner de ses mains, aider de sa bourse ; donner de bons exemples d’agriculture ; tenter des essais ruineux pour encourager les petites gens à en faire d’utiles ; expérimenter à tout risque, avec sa terre et ses capitaux, comme un médecin essaye des médicaments sur sa santé, et tout cela le plus simplement du monde, non pas même comme une servitude, mais comme un devoir de position, de fortune et de naissance.

Il s’éloignait aussi peu que possible du cercle